mercredi 27 février 2013

Le change management ou l’art de changer

La conduite du changement intervient sur la ressource la plus précieuse mais aussi la plus sensible de l'entreprise : l'humain. L'homme est naturellement résistant au changement, il faut donc prendre en considération ses peurs naturelles (Serai-je à la hauteur de ce qui me sera demandé ? Mon poste sera-t-il aussi intéressant demain ? Vais-je conserver mon poste ?...), ses difficultés à sortir de sa zone de confort (savoir se remettre en question, être force de proposition, accepter de s'exprimer et donner son avis...) et son environnement (la perception qu'ont ses collègues / managers de lui, son positionnement dans l'entreprise...).

C'est de lui que va dépendre la réussite ou l'échec de la transformation, c'est pourquoi il doit être placé au cœur des préoccupations afin de le rendre moteur du changement. N'oublions pas que si l'humain est primordial dans la transformation, l'autre facteur majeur est l'entreprise elle-même, avec sa propre culture, ses valeurs, ses codes et les objectifs qui motivent ce changement.

En effet, la conduite du changement n'est pas une thérapie de groupe visant au seul bien être des collaborateurs. Ne perdons pas de vue qu'elle intervient dans un cadre bien précis qu'est la transformation, qui concerne avant tout l'entreprise dans son ensemble et a pour objectif principal de lui permettre une meilleure efficacité, performance et donc des retombées positives sur sa santé économique. 
Si l'humain doit être pris en compte, en lui permettant de s'approprier le changement, il doit néanmoins être guidé et contraint par le cadre même de l'entreprise. Car ne l'oublions pas, l'entreprise n'est pas un lieu dédié à la démocratie, elle est régie par ses propres règles fixées par sa Direction, en fonction de la stratégie globale et de la trajectoire qu'elle souhaite lui voir prendre.

Les attentes et les motivations de l'entreprise et celles des collaborateurs ne sont pas toujours les mêmes concernant la transformation qui est, dans la plupart des cas, décidée et impulsée par la Direction, mais ressentie comme une forte contrainte par les collaborateurs qui, de ce fait, la subissent.

La conduite du changement prend alors tout son sens dans la réussite de la transformation d’entreprise. Elle se base sur un concept simple et basique : l’homme a peur de ce qu’il ne connait pas. La conduite du changement apporte les clés de lecture de la transformation et de décryptage de sa motivation.
Ainsi, elle devient le vecteur d’échange, de partage et de compréhension qui permet à l’ensemble des parties prenantes de travailler conjointement et de façon collaborative à l’atteinte d’un objectif commun, soit la transformation durable de l’entreprise.

 La conduite du changement suit le cycle naturel de la résistance à l'acceptation du changement par l'homme qui vit la transformation comme un deuil de sa situation passée. Elle va donc consister à lui faire franchir 5 stades qui lui permettront d'être garant du changement, durablement : 

La prise de conscience : Il s'agit de l'informer sur les enjeux de la transformation, en allant à l'essentiel, pour contre carrer le refus naturel de comprendre ce qui lui arrive.
La compréhension : Il s'agit de lui expliquer l'objectif de la transformation afin de faire tomber ses barrières de la résistance, lui permettant d'envisager que le changement est possible.
L'acceptation : Il s'agit de convaincre des bénéfices de sa contribution afin de le rassurer sur son utilité et son rôle indispensable dans la transformation.
L'implication : Il s'agit de le responsabiliser en le faisant participer à quelques décisions, notamment dans l’application opérationnelle à son poste de travail, afin qu'il passe d’une contribution résignée, vécue comme une contrainte, à une participation active, traduisant une réelle dynamique du changement.
L'engagement : Il s'agit de le rendre autonome dans la transformation afin qu'il pérennise durablement le changement, oubliant même qu'il a eu lieu et les "traumatismes" qu'il a pu lui causer.

Le changement intervient à tous les niveaux de l’entreprise, dans des proportions et enjeux différents. Il convient donc d’accompagner chaque  acteur impliqué et impacté par la transformation, de façon adaptée à son positionnement et son rôle dans la transformation.

- le sponsor : Il décide de la trajectoire et cadence le changement. Il est le garant, vis-à-vis de la Direction, du bon déroulement et de l’atterrissage de la transformation.
L’objectif est de fédérer l’ensemble des acteurs et les guider vers la réussite de la transformation dont il est le chef d’orchestre.
La conduite du changement le guide dans une communication éclairée et ciblée, utilisée à bon escient pour motiver les acteurs de la transformation et la faire accepter. Elle lui fournit les clés d’analyse de la situation, en l’informant sur les conséquences opérationnelles de la transformation, et les moyens d’agir sur les leviers de résistance, en lui indiquant les actions ciblées à mener en fonction des populations, des problématiques et des attentes des acteurs concernés par le changement.

- le management : Il décline la stratégie définie par le sponsor.  Il dirige la transformation au quotidien dans le respect de la trajectoire et selon le calendrier déterminé en prenant en compte les spécificités et besoins du métier. Il est le garant de la mise en œuvre de la transformation dans les meilleures conditions opérationnelles.
L’objectif est de motiver ses équipes et instaurer un travail collaboratif. Tel le soliste, il vit la transformation avec ses équipes mais il lui incombe d’impulser une dynamique du changement.
La conduite du changement est sa feuille de route pour mener les opérationnels à l’autonomie et l’engagement dans la transformation. Elle lui apporte les clés de lecture de la transformation, en décryptant l’ambition de la Direction, et les vecteurs d’acceptation, en qualifiant les moyens d’accompagnement nécessaires à la réussite de la transformation. Enfin et surtout, elle lui permet d’instaurer la sérénité en dépassionnant les débats, très souvent basés sur du ressenti plutôt que sur la réalité de la situation, grâce à la présentation factuelle de la situation.

- les opérationnels : Ils conduisent le changement en réalisant ou participant aux actions définies dans la feuille de route du management. Ils sont vigilants quant à l’adéquation entre les besoins de leur métier et les solutions mises en place dans le cadre de la transformation. Ils alertent en cas d’incompatibilité; ils sont garants de la faisabilité opérationnelle.
L’objectif est de créer une communauté engagée ensemble dans le changement, pro active et force de proposition pour, d’une part, optimiser le changement dans la limite de l’objectif fixé par l’entreprise, et d’autre part devenir moteur de la transformation et ne pas la subir. Ils sont, semblables aux musiciens d’un orchestre, le cœur de la transformation sans qui elle ne peut aboutir.
La conduite du changement est le fil conducteur qui leur permet de comprendre les motivations et la vie de la transformation, en leur apportant régulièrement l’information adéquate, de s’investir volontairement dans la transformation, en participant aux réflexions opérationnelles tout en faisant bénéficier les acteurs de la transformation de leur expérience, et de se préparer à leurs futures conditions et modes de travail, en les formant et les assistant dans la mise en place des solutions inhérentes à la transformation.

La conduite du changement est une discipline qui se pratique sur le long terme car il s'agit d'accompagner durablement l'ensemble des populations impliquées dans la transformation de son origine jusqu'à son ancrage dans l'entreprise.

La conduite du changement n'est pas une baguette magique qu'il suffit d'agiter pour transformer une situation compliquée, voire conflictuelle parfois, en un havre de paix où tout le monde est heureux de travailler ensemble...
Elle permet à chaque acteur du projet de prendre conscience des enjeux de chacun dans la transformation, à en accepter les implications et travailler ensemble, de façon collaborative, à l'atteinte de l'objectif fixé.

La conduite du changement n'est pas une science exacte car, même si elle se base sur une mécanique précise, il ne suffit pas de la déployer pour qu'elle fonctionne. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut faire de la conduite du changement expérimentale avec une succession de "bonnes idées", créées pour la circonstance, que l'on teste au fur et à mesure de la transformation de l'entreprise.

L'art de conduire le changement est d'aborder chaque transformation de manière unique, vierge de tout à priori, pour proposer un accompagnement sur mesure, adapté à la situation, le contexte, les hommes et l'entreprise.
Même si la maîtrise de techniques et méthodologies éprouvées, qui représentent les fondamentaux de la conduite du changement, est indispensable, elle ne reste qu'un pré requis. Ce sont la prise de recul, la créativité, cadrée par ces acquis, et la capacité d'adaptation et d'analyse, basée sur l'expérience et l'expertise, qui sont primordiales et font la différence dans la qualité de l'accompagnement du changement.

Une conduite du changement est réussie quand les acteurs de l'entreprise sont propriétaires autonomes et maîtres de leur transformation.

Il faut néanmoins être attentif car aucune situation n'est éternelle, et si l'on ne prend pas garde, le "savoir" constitué tout au long de la transformation, peut très vite se dilapider, risquant ainsi de faire perdre la maîtrise de la nouvelle situation.

C'est en cela que le Knowledge Management, qui consiste à créer et faire vivre une base de partage du savoir, permet d'ancrer durablement le changement.
Mais il s'agit là d'une autre histoire.

A bientôt, 

Déborah Flahaut
Tendance Transfo

mercredi 20 février 2013

Tendance Transfo va approfondir la conduite du changement

La transformation et la conduite du changement sont deux sujets imbriqués car, la réussite de l'un dépend en grande partie de la qualité de l'autre. C'est pourquoi il me semble naturel de traiter de la conduite du changement dans ce blog dédié à la transformation d'entreprise.

Dans le billet précédent, j'ai expliqué en quoi, de mon point de vue, la conduite du changement était primordiale dans les projets de transformation. En revanche, car ce n'était pas l'objet, je n'ai pas développer le sujet, à savoir comment conduire le changement durablement, quels sont les leviers sur lesquels elle intervient, de quelle façon...

C'est autant de points que je traiterai dans mon prochain billet dédié à la conduite du changement.

A suivre donc...

Déborah Flahaut
Tendance Transfo

La conduite du changement: de la poudre aux yeux ou un réel facteur de réussite de la transformation ?


Tout le monde fait de la conduite du changement ? A priori oui, il suffit d'écouter la majorité des consultants qui l'intègrent quasi systématiquement à leur prestation d’accompagnement de la transformation auprès de leurs clients. Si l'on regarde d'un peu plus près, ce qui est mis sous ce terme à la mode est bien souvent la formation des opérationnels et quelques réunions d'informations sur le projet de transformation en cours.

Qu'en pensent les clients justement ?
 Ce que je les ai souvent entendu dire, pour avoir partagé ce sujet avec eux, est que la conduite du changement est un artifice actuel qui permet aux cabinets de conseil de facturer des prestations plus onéreuses, mais sans apporter autre chose que du "vent".

Difficile à entendre ? Mais comment pourrait-on jeter la pierre à ces clients éclairés qui traduisent une réalité du marché. Si la conduite du changement se résume à cela, je ne peux qu'être d'accord avec eux.
En effet, la formation n'est que la partie émergée de l'iceberg. Elle n'est délivrée qu'en fin de processus du changement, quand l'essentiel des rouages du change management a été déroulé.
Enfin, si les réunions d'informations sont bien une partie intégrante de la conduite du changement, pratiquées de façon jetables, elles n'en restent pas moins que des évènements isolés, parfois plus improductifs et néfastes, s'ils ne s'inscrivent pas dans une optique plus générale, intégrés dans un plan global de communication mûrement réfléchi.

La conduite du changement n’est-elle donc que de la poudre aux yeux ?
Faudrait-il donc la bannir dans les projets de transformation ? Le mouvement de recul, lorsqu'on prononce ces mots, est légitime, mais si tout le monde en parle et la propose, c'est qu'il doit y avoir un intérêt à la pratiquer. Encore faut-il le faire dans les règles de l’art, en revenant aux vraies raisons d'être de la conduite du changement pour en retirer le meilleur et une réelle valeur ajoutée pour l'entreprise et les collaborateurs qui la représentent. 

La transformation, si elle est nécessaire pour l’entreprise afin qu’elle soit plus performante et compétitive, est souvent vécue comme une agression par les collaborateurs qui vont être concernés. Or, ils sont le facteur essentiel dans la réussite de cette transformation car ce sont eux qui vont la porter et l’intégrer durablement dans les pratiques de l’entreprise.
Il est donc indispensable qu’ils la comprennent, l’acceptent et s’engagent dans cette transformation.

C'est là que la conduite du changement a tout son intérêt : elle consiste à accompagner l’ensemble des populations impactées par le changement dans l’atteinte des objectifs fixés par l’entreprise en les rendant moteur de la transformation, durablement.

La conduite du changement est le bras armé de tous (l’entreprise représentée par sa direction, le management, les opérationnels) pour faire converger l'ensemble des parties prenantes du projet vers un objectif commun, sans violence et dans le respect de chacun. Elle dépassionne la situation en coupant court à des spéculations, souvent des à priori négatifs, des populations concernées en posant une réalité factuelle.

Ainsi, la conduite du changement est la colonne vertébrale de la transformation, c'est pourquoi elle l’accompagne dès la naissance jusqu'à ce qu’elle soit implantée et fasse partie intégrante de l’entreprise.

A bientôt, 

Déborah Flahaut
Tendance Transfo

vendredi 15 février 2013

Est-il toujours nécessaire de transformer l'entreprise ?

La réponse instinctive à cette question est évidemment oui, me direz-vous, si l'on veut être à performant, à la pointe des techniques, suivre le marché et son évolution... Autant d'arguments qui plaident en la faveur de la transformation.

Avant de foncer tête baissée dans la transformation, prenons un temps de réflexion et demandons-nous ce qu'est la transformation et quelles en sont ses conséquences.
Transformer, c'est modifier l'existant; cela signifie provoquer un changement dont l'intensité varie en fonction de sa nature (optimisation d'un processus mineur, réorganisation d'une fonction...) et du contexte dans lequel il intervient (santé économique de l'entreprise, état du marché concurrentiel...). La transformation peut donc être vécue par l'entreprise, et les hommes qui la composent, comme un léger désagrément ou au contraire comme un grand bouleversement. Quoi qu'il en soit, elle n'est jamais anodine car, soyons clair, l'homme est naturellement résistant au changement, qui représente toujours une forme d'agression pour lui.

Vous l'aurez compris, la décision de transformer l'entreprise ne se prend donc pas à la légère car, au-delà des aspects techniques, elle agit sur l'humain qui en est le moteur. Et il est plus difficile de manager les hommes dans le changement, c'est à dire leur faire accepter et porter cette transformation, que de mettre en place de nouvelles règles du jeu (nouveaux processus, organisation...).

Faut-il pour autant ne plus transformer l'entreprise ? Bien sûr que non.
En revanche, il y a un facteur essentiel et indispensable pour se lancer dans une transformation : celle-ci doit répondre à un réel besoin de l'entreprise et non à une volonté de faire comme les autres et suivre les tendances du marché.
En effet, chaque entreprise a ses spécificités, ses besoins, son fonctionnement, ses priorités, son mode de management...tout un ensemble de critères qui lui permet d'absorber le changement jusqu'à une certaine intensité.
Toutes les entreprises ne sont pas égales sur ce plan, certaines ont une capacité d'absorption du changement plus importantes que d'autres pour différentes raisons qui peuvent être financières ou managériales. C'est pourquoi il faut étudier tous les aspects de la transformation et ses impacts sur l'entreprise et les acteurs concernés pour évaluer la réelle nécessité de mener cette transformation.
Prendre la tendance du marché pour se tenir au courant des avancées est nécessaire, mais il ne faut pas pour autant calquer ce que font les autres entreprises car ce qui peut fonctionner chez l'une ne fonctionnera peut être pas chez l'autre.
La transformation, répondant à un besoin réel de l'entreprise, est ainsi légitimée, donc plus facilement acceptée par les hommes qui la conduiront. C'est dans ces conditions que l'entreprise peut prendre le risque, certes calculé, de se lancer dans une transformation.

Après ces quelques pistes de réflexion, vous aurez compris que répondre à la question initiale n'est pas aussi aisée et rapide que cela. Néanmoins, on pourrait résumer les choses ainsi :
Se lancer dans une transformation qui n'est pas légitime aux yeux des hommes qui devront la porter, car elle ne correspond à aucun besoin réel pour l'entreprise, peut s'avérer être catastrophique et bien pire pour l'entreprise que de ne rien changer.

Néanmoins, si la transformation a lieu, alors, l'ensemble de ces critères (facteurs humains et organisationnels) doivent être pris en compte  lors de sa mise en oeuvre afin d'accompagner l'entreprise correctement et de façon adaptée (à sa culture, son métier...).
La' réussite d'une transformation d'entreprise réside dans la qualité de la conduite du changement qui est mise en oeuvre. Mais cela est une autre histoire.

A bientôt,

Déborah Flahaut